Date de naissance : 28 mai 1931, à Johnstown, Pennsylvanie (Etats-Unis)
Biographie
Note des spectateurs :
Carroll Baker est une actrice américaine née en 1931 appartenant à l’âge d’or de Hollywood.
Sa carrière connaît une belle envolée en 1956 avec Géant de George Stevens, où elle donne la réplique à Elizabeth Taylor, Rock Hudson et James Dean. Elle y tient un second rôle stimulant pour le reste de sa carrière.
Le film de sa vie, elle l’obtient la même année chez Elia Kazan dans La poupée de chair (Baby Doll), un triomphe sulfureux scénarisé par Tennessee Williams. Le long métrage fait scandale auprès des ligues catholiques et Baker est nommée aux Oscars en 1957.
Si Carroll Baker est vite la jeune gloire que l’on s’arrache, sa relation avec le studio Warner qui l’enchaîne à un contrat à l’ancienne est orageuse et lui fait rater des rôles importants, comme La chatte sur un toit brûlant. On la retrouve notamment face à Clark Gable en 1959 dans La vie à belles dents, le western de Warner Quand la terre brûle avec Roger Moore, Au bout de la nuit de Jack Garfein (1961), le blockbuster du western La conquête de l’Ouest (1962) et Les Cheyennes de John Ford, en 1964 qui lui apporte un beau rôle.
Son image sulfureuse, dans des rôles indépendants fougueux (elle est notamment dans Les ambitieux, d’Edward Dmytryk en 1964, film ambitieux dans ses thématiques), les échecs en salle et ses relations houleuses avec les studios la précipitent en Europe où elle passe par la Grande-Bretagne (La blonde de la Station 6) et surtout l’Italie. “La Baker” s’y installe pour mener une nouvelle carrière dans le cinéma d’exploitation, dans des rôles assez pervers, noirs, déshabillés. Elle tourne L’adorable corps de Deborah, en 1969, de Romolo Guerrieri, Le Harem de Marco Ferreri (1967), et de nombreux longs avec Umberto Lenzi comme Une folle envie d’aimer (Orgasmo), en 1968, Si douces si perverses avec Jean-Louis Trintignant, Paranoia dans lequel elle retrouve Jean Sorel, Le couteau de glace que l’on découvre en France en vidéo en… 2020, thriller édité par le Chat qui Fume.
Baker européenne d’adoption tourne en Espagne Au fond de la piscine avec Michael Craig, le western espagnol Captain Apache, la sexy comédie Marche pas sur ma virginité de Marino Girolami, dont la star est Edwige Fenech, le film érotique Le corps de Luigi Scattini, Baba Yaga avec la nièce de Louis de Funès, Isabelle, Le diable à 7 faces avec George Hilton…
Pour cette actrice issue de l’Actors Studio, la déchéance est un peu totale, bien que pour les amateurs de cinéma bis, elle devient une fascinante incarnation d’une tendance très seventies qui consistait à envoyer les stars déchues en Europe pour y tourner de l’alimentaire.
Parmi ses très nombreux avatars des années 70, on citera la production Andy Warhol, Bad, avec Perry King, le nanar mexicain Cyclone (très mauvais film catastrophe de René Cardona Jr. sans stars !), le britannique Le monde est plein d’hommes mariés…
Ses apparitions seront plus rares dans les années 80, où elle est beaucoup sur les planches. Au cinéma, “elle a dépassé l’âge de péremption” à une époque sexiste au possible. Désormais, à 50 ans, elle accepte de tourner pour Walt Disney dans la production surnaturelle Les Yeux de la forêt, avec Bette Davis en 1980. Dans Star 80, Bob Fosse l’engage pour sa critique virulente de Hollywood, avec un très beau second rôle. Elle tient également un rôle pertinent chez Hector Babenco dans Ironweed, la force d’un destin en 1988, dont les deux stars sont Jack Nicholson et Meryl Streep. Elle y interprète l’épouse de Nicholson et reçoit bien des louanges.
Dans les années 90, Carroll Baker a désormais la soixantaine et figure souvent à la télévision. Au cinéma, on la remarque dans un petit rôle dans la comédie avec Arnold Schwarzenegger, Un flic à la maternelle, (1990), un succès réalisé par Ivan Reitman. Puis, en 1997 elle apparaît dans le prestigieux The Game de David Fincher, avec Michael Douglas.
Durant cette magnifique carrière, jonchée de conflits avec le système hollywoodien, de rencontres épiques à travers le monde, de mariages rocambolesques, de séries B, de livres (elle a écrit de nombreux ouvrages dont une autobiographie en 1983, mais aussi un roman), Carroll Baker demeure l’une des actrices les plus audacieuses des années 50, 60 et 70, farouche indépendante, mais curieusement méconnue du public contemporain. Si elle a été nommée aux Oscars en 1957 pour Baby Doll, elle ne remportera qu’un Golden Globe en 1957. Elle est pourtant le portrait incandescent d’une Amérique au désir ardent de changement qui n’arrivait pas encore à libérer la femme de ses stéréotypes romanesques.
En 2020, toujours vivante, Carroll Baker aborde toujours sa carrière avec passion. Cette grande dame aura su nous fasciner pendant des décennies.