Alain Cavalier est l’auteur d’une œuvre singulière et a connu la consécration avec Thérèse (1986), prix du Jury au Festival de Cannes, qui sera aussi récompensé par six César.
Un auteur qui cherche sa voie
Formé à l’IDHEC, Alain Cavalier est d’abord assistant réalisateur pour Edouard Molinaro et surtout Louis Malle, avec Ascenseur pour l’échafaud et Les amants. Il passe à la mise en scène en 1958 avec un court métrage (Un Américain). Ses deux premiers longs, Le combat dans l’île (1962, avec Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant) et L’insoumis (1964, avec Alain Delon), révèlent un auteur incisif et talentueux. Aussi éloignées de la doxa de la Nouvelle Vague que du cinéma français dit de qualité, les deux œuvres sont à l’époque accueillies tièdement, ont des démêlés avec la censure, de par leur traitement de la guerre d’Algérie, et sont des échecs commerciaux.
Alain Cavalier passe alors à un cinéma plus traditionnel avec Mise à sac (1967) et La chamade (1968), comédie romantique adaptée de Françoise Sagan. Ce dernier film, interprété par Catherine Deneuve et Michel Piccoli, rencontre un vif succès, mais s’avère plutôt vain. Après plusieurs années sans tournage, Alain Cavalier revient à un cinéma plus intimiste et personnel avec les singuliers Le plein de super (1976) et Martin et Léa (1978). Le premier est un road movie réjouissant, et le second un délicat portrait de couple. Le cinéaste radicalise ensuite sa démarche avec Ce répondeur ne prend pas de message (1979), dont l’audience est confidentielle mais qui lui vaut enfin la reconnaissance unanime des critiques.
Alain Cavalier et la consécration avec Thérèse
Dans les années 80, Alain Cavalier tourne également peu de films, mais voit son prestige augmenter. Un étrange voyage (1981), avec Jean Rochefort, est un autre échec commercial mais obtient le prix Louis-Delluc. Thérèse (1986), prix du Jury au Festival de Cannes 1986, marque sa consécration. Cette biographie austère et épurée de Thérèse Martin est un choc esthétique, porté par la grâce de son interprète, la lumineuse Catherine Mouchet. Succès critique et public, le long métrage triomphe aux César avec six trophées : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur espoir féminin, meilleur scénario original ou adaptation (Alain Cavalier et Camille de Casabianca, sa fille), meilleure photo (Philippe Rousselot) et meilleur montage (Isabelle Dedieu).
Alain Cavalier a ensuite carte blanche pour tourner des films de plus en plus épurés, alternant ou mêlant approches autobiographiques et documentaires. On peut citer la Libera me (1991) ; Le filmeur (2004, résultat d’un montage de journal vidéo) ; Irène (2009, évocation de l’actrice Irène Tunc, dont il fut l’époux) ; Pater (2011, avec Vincent Lindon), ou Être vivant et le savoir (Cannes 2019, hors compétition).