Note des spectateurs :

Mort de William Hurt ce 13 mars 2022, à l’âge de 71 ans. L’acteur de théâtre américain des années 70, était une star du cinéma dans les années 80. Son nom permit de monter beaucoup de films dans les années 90. Les jeunes le connaissent pour son incursion dans l’univers Marvel. Pour notre part, on préfère se souvenir de La fièvre au corps, Au-delà du réel, Les copains d’abord, et surtout Le baiser de la femme araignée, son plus grand film.

Révélé dans le film de science-fiction de Ken Russell, Au-delà du réel en 1980, qui lui vaut une nomination aux Golden Globes, William Hurt est l’un des acteurs importants de la décennie magnifique.

Aux côtés de Sigourney Weaver dans L’oeil du témoin de Peter Yates en 1981, ou dans le thriller érotique La fièvre dans le sang de Lawrence Kasdan aux côtés de la plantureuse Kathleen Turner, de nouveau devant la caméra de Kasdan dans le film à Oscars Les copains d’abord, il est de tous les bons coups cinématographique du début des années 80.

Le temps du destin, avec William Hurt

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Star des années 80

Après un succès chez Michael Apted (le thriller soviétique Gorky Park), William Hurt se distingue régulièrement tout au long des années 80. Le baiser de la femme araignée, chef d’œuvre carcéral et poétique d’Hector Babenco, lui a valu un Oscar du Meilleur acteur, le prix du Meilleur acteur à Cannes…

En 1986, il reçoit de nouveaux des nominations aux Globes et aux Oscars pour la romance sur fond de handicap, Les enfants du silence.  Le film triomphera sur les écrans français en 1987. Sa relation avec la comédienne du film, Marlee Matlin, qui souffre de surdité

Avec Broadcast News, satire sur le journalisme, il obtient sa troisième nomination consécutive aux Oscars dans la catégorie du Meilleur acteur.

Malheureusement, à l’exception du succès d’Alice de Woody Allen, avec Mia Farrow, en 1990, sa carrière va jouer de malchance et l’acteur va enchaîner les contreperformances et les films ratés.

La chute d’un acteur dont le nom permettait de construire un film

Ses retrouvailles avec Lawrence Kasdan dans Voyageur malgré lui (1988à et la comédie Je t’aime à te tuer (1990) sont des flops. Jusqu’au bout du monde de Wenders ne convainc ni la presse ni le public.

Les mélos Le temps du destin ou Le docteur de Randa Haines, les adaptations de La Peste de Luis Puenzo et de Jane Eyre de Franco Zeffirelli, ne séduisent pas. Elles sont pourtant entièrement construites sur son nom.

La fièvre au corps, de Lawrence Kasdan avec William Hurt, affiche

© 1982 The Ladd Company. Tous droits réservés.

Le cinéma américain le sollicite de temps en temps (Mr. Wonderful d’Anthony Minghella est compensé par le succès de Smoke de Wayne Wang, d’après Paul Auster), et l’acteur doit se tourner vers l’Europe pour des coproductions ou des films francophones : Confidences à un inconnu avec Sandrine Bonnaire en 1995, Jane Eyre avec Charlotte Gainsbourg en 1996, Un divan à New York avec Juliette Binoche en 1996, Au plus près du paradis avec Catherine Deneuve (2002)… On notera que l’acteur est parfaitement à l’aise dans notre langue.

Il tourne pour Chris Menges, Chantal Akerman, Nora Ephron, Alex Proyas (Dark City), Dick Maas, Stephen Hopkins (Perdus dans l’espace), Carl Franklin, Tonie Marshall…

En 1999, il revient au mélo à Oscar avec Sunshine d’Istvan Szabo, dont le rôle principal revient à Ralph Fiennes. Un lourd échec.

William Hurt, un second rôle demandé

Dans les années 2000 et 2010, William Hurt ne cesse de tourner. Mais cette fois-ci, si on l’engage volontiers, ce sont pour des seconds rôles où sa présence apporte une plu value. Malheureusement, on ne bâtit plus de projets sur son nom comme dans les années 80 et 90.

Parmi ses films les plus importants durant ces deux dernières décennies, on citera A.I. de Steven Spielberg, Dérapages incontrôlés de Roger Michell, Le village de Shyamalan, The King de James Marsh, A History of Violence de Cronenberg (qui lui vaut sa dernière nomination aux Oscars), Syriana de Stephen Gaghan, Raisons d’état de Robert De Niro, Into The Wild de Sean Penn, Angle d’attaque de Pete Travis, L’incroyable Hulk de Louis Letterier, La Comtesse de Julie Delpy, Robin des Bois de Ridley Scott, Les âmes vagabondes d’Andrew Niccol, Captain America Civil War et Avengers Infinity War & Endgame, ainsi que Black Widow, quatre productions Marvel qui familiarisent la jeunesse à son visage.

En 2012, William Hurt tourne devant la caméra de son ancienne compagne, Sandrine Bonnaire, avec qui il eut un enfant. J’enrage de son absence sort en 2012.

Malgré une carrière très riche, les espoirs gigantesques des années 80 seront ternis au détour de mauvais choix. Sa stature réelle méritait mieux.

Il décède en 2022, quelques jours avant ses 72 ans.

Frédéric Mignard

Le docteur avec William Hurt, affiche du film

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