Note des spectateurs :

Ysa Ferrer, la chanteuse du tube Mes rêves propose son 6e album, XYZ, de la pop acidulée pour quadragénaires qui se souviennent encore des beaux sons.

Ysa Ferrer, la kamikaze de Mes rêves

Ysa Ferrer réussissait en 1998 l’exploit d’un premier album dance franchement solide (on passe sur le truc de RnB bidon, D’essences naturelles, qui n’a aucune légitimité dans sa carrière, mais est officiellement son premier opus, en 1995). Avec l’album Kamikaze, Ferrer passe à l’accomplissement de sa carrière. Les singles Les yeux dans les yeux, Mes rêves, sa reprise d’Ederlezi, Tu sais I know que Trousers Ensusiasts remixera avec punch, le très Farmer Idéal, ou le planant Circonstanciel, en faisaient un must de French touch variétoche qui aspirait à marquer son époque.

Dix ans plus tard, plongée dans son Imaginaire pur

2008. Changement de maison de disques, en période de crise d’un marché alors en pleine décomposition, proie du téléchargement illégal, du Peer to Peer ; on se situe alors bien avant la mode du streaming légal. L’icône parvient enfin à sortir un second album qu’elle a maturé avec sa moitié, Daniel Castano, pendant près d’une décennie. Imaginaire Pur passe à côté de son époque auprès des médias mainstream et Ysa Ferrer doit assumer une promo maison via l’internet qui va lui permettre de survivre là où d’autres fermèrent boutique définitivement. Son combat sera une réussite patente.

Bien entourée, avec le talent d’une équipe fidèle, la fan de Farmer, Madonna et Lady Gaga, copine de Chi Chi Larue, joliment célèbre en Russie, propose avec Imaginaire Pur un second album jubilatoire où l’on retient la puissance des singles On fait l’amour, Last zoom, Made in Japan et le marrant To bi or not to bi qui démontre sa capacité à flatter son public gay le plus fidèle, avec ses jeux de mots binaires qui feront le piquant de ses lyrics.

Ultra irrégulier

En 2010, celle qui démarra dans une sitcom improbable pour ados fans du Hit Machine dans les années les plus ringardes de l’histoire post-année 60, s’émancipe toujours plus de la réalité du marché pour présenter un album azimuté, mais inégal. Ultra empruntait une direction électronique pétillante parfois discordante, mais savait par moment retrouver la puissance de ses plus belles mélodies (Un jour, 7 ans de malheur), tout en trouvant l’efficacité disco-dance qui faisait son sel (Tant qu’on s’aime, French Kiss, Pom Pom Girl).

Sanguine et la constance d’une diva

En 2014, avec l’album Sanguine, la chanteuse affronte le vieillissement de son public et de son image en ne changeant rien à la formule “pop”. Des morceaux comme God save the queen, J’explose en couleur, Folle vouloir continuer ou Fumer tue démontrent une énergie immuable et la constance d’une diva qui n’est pas là pour transiger avec son univers.

Ysa Ferrer XYZ ne sera pas l’album de la renaissance

Quelques singles plus tard, tous accompagnés par une flopée de remixes souvent proposés sur format physique, Ysa Ferrer revient avec Née sous X. Nouveau changement de couleur de cheveux, pochette plus sobre, mais, désormais reine dans son royaume, la chanteuse se refuse à opérer un virage musical. Elle offre toujours ce même mélange d’électro-dance-disco-rock, avec des titres au tempo plus lent. La production impeccable joue beaucoup sur les paroles aux constructions binaires ou référentielles, celles d’une artiste qui, à l’instar de Madonna dans ses 1001 états d’âmes, s’autoplagie dans des lyrics où elle pense devoir encore se justifier (Je sortirai grandi), et d’en appeler aux références générationnelles (Née sous X). Mais l’efficacité demeure (To the world, Tu pédales, Follow me, Stop). Tout n’est pas satisfaisant, le ringard Vivre évoque plus Hélène Ségara dans sa grande pompe de tronçon de comédie musicale, mais au moins l’ensemble demeure cohérent quand d’autres auraient depuis longtemps cédé aux appels du rap et d’un son plus contemporain en trahissant son public originel…

Ysa Ferrer, dans le refus de s’excuser d’exister à son niveau, poursuit à faire ses sons, dans ses règles et cela lui va à ravir.

Frédéric Mignard

Sortie le 23 novembre 2019 / Label : Lovarium Productions

Le site officiel d’Ysa Ferrer

Copyrights 2019 Lovarium Production