L’orphelinat et son récit aux contours trop austères pour susciter l’émotion, retrace l’histoire de l’Afghanistan de l’invasion du pays par les Soviétiques à la prise du pouvoir par les Moudjahidines en 1992, à travers le regard d’un orphelin innocent.
Synopsis : Kaboul, fin des années 80. Le jeune et débrouillard Qodrat gagne sa vie en revendant des tickets pour aller voir ses films Bollywoodiens préférés. Rattrapé par la police, il se retrouve à l’Orphelinat où il s’imagine héros de ses films préférés, combattant aux côtés de ses nouveaux amis l’invasion rebelle les menaçant…
Critique : Après avoir constaté que les cinéastes internationaux ne renvoyaient de l’Afghanistan qu’une image superficielle, bien éloignée de la réalité, la jeune réalisatrice Shahrbanoo Sadat puise son inspiration dans les souvenirs d’enfance de son ami Awar pour donner sa vision de l’histoire récente de son pays, en s’appuyant sur le point de vue d’enfants pris dans les tourments d’événements qui les dépassent.
© Adomeit Film, La Fabrica Nocturna / Credit photo : Virginie Surde
En 2016, avec Wolf and Sheep, présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes elle s’arrête sur la rencontre à la fois cruelle et fantastique de deux enfants en proie aux moqueries de leurs camarades au sein d’une communauté totalement isolée dans ces hautes montagnes que ne montrent jamais les médias.
L’Orphelinat, deuxième partie de sa pentalogie, (elle prévoit d’en réaliser trois autres volets) choisit Qodra (on peut imaginer qu’il s’agit du garçonnet de Wolf and Sheep) comme personnage emblématique. Grand amateur de cinéma, livré à lui-même, à 15 ans, il doit assurer sa survie quotidiennement. Le rêve d’une vie meilleure que lui apporte le cinéma bollywoodien, plein de couleurs chaudes et de belles histoires d’amour ainsi que les quelques profits qu’il tire de son trafic de billets, lui assurent quelques instants privilégiés dont il a appris à se satisfaire. Pourtant, cette revente illicite est repérée par la police qui le place dans une institution destinée à accueillir les jeunes orphelins. Si là aussi, il lui faut apprendre à trouver sa place au milieu de quelques jeunes caïds, peu enclins à abandonner leur position de meneur, au moins il bénéficie d’un lit et de repas chauds. S’il n’est pas possible d’échapper aux rixes inhérentes à ce type d’endroit, la réalisatrice tient à démontrer que l’orphelinat, géré par le régime soviétique en place en ce début des années 90, reste l’un des rares lieux du pays, où quelle que soit leur religion ou appartenance ethnique, tous vivent ensemble. On ne peut que saluer l’authenticité de cette démarche qui donne un éclairage inédit sur l’histoire du pays. Pourtant, malgré la spontanéité et la vivacité dégagées par cette bande d’enfants, tous non professionnels comme c’était déjà le cas dans Wolf and Sheep, l’obstination de la réalisatrice à gommer tout soupçon de sensibilité pour s’en tenir à un objectif de véracité pure donne un aspect trop contemplatif au film, tandis que le mélange des genres, entre cinéma bollywoodien extravagant, réalisme social, passages poétiques et scènes fantastiques, interdit tout espoir de trouver un fil conducteur.
Critique : Claudine Levanneur
Sorties de la semaine du 27 novembre 2019
© Adomeit Film, La Fabrica Nocturna / Credit photo : Virginie Surde
