Davantage un drame sur la violence qu’un thriller percutant, Hopeless réussit à émouvoir par des personnages joués avec sobriété et une bonne tenue de la réalisation. Une découverte que l’on vous conseille.
Synopsis : Pour fuir une vie sans avenir et sans espoir, un jeune homme est entraîné dans une spirale de violence qui le conduira au cœur d’une organisation criminelle menée par un leader charismatique.
Un premier film sud-coréen à petit budget
Critique : Le jeune réalisateur et scénariste sud-coréen Kim Chang-hoon a débuté la rédaction du scénario de Hopeless dès 2016, mais il a mis très longtemps avant d’aboutir à la version finale qui a été produite et filmée. Comme il s’agissait de son premier film, le cinéaste a éprouvé des difficultés à trouver des financements et d’ailleurs Hopeless demeure un film à petit budget comparativement aux autres œuvres sud-coréennes qui nous arrivent régulièrement en France.
© 2023 Megabox Plus M, Sanai Pictures / Bac Films. Tous droits réservés.
Finalement lancée en 2022, la production a tout de même pu s’offrir les services de l’acteur Song Joong-ki, ainsi que ceux de la chanteuse Bibi (Kim Hyung-seo) qui ont tous les deux accepté de baisser considérablement leur cachet car ils ont été séduits par le script et qu’ils ont farouchement cru en ce projet. Pour le rôle principal, Kim Chang-hoon a déniché un parfait inconnu, d’abord sur photographie, puis après une rencontre qui a débouché sur l’engagement de Hong Xa-bin, jeune comédien débutant.
Un jeu d’acteur moins outrancier que d’habitude
En fait, Hopeless est davantage un drame avec pour fond la violence des gangs qu’un véritable thriller dans la tradition sud-coréenne du film coup de poing. Pour preuve, le jeu des comédiens est plutôt réaliste, évitant les excès généralement associés au genre. La tendance locale est effectivement à la grimace et aux effusions sentimentales qui ont leur charme mais tiennent du cabotinage pur et dur. C’est nettement moins le cas ici puisque les comédiens sont dirigés de façon à être plus introvertis. Certes, le long métrage offre également des séquences particulièrement violentes typiques de cette contrée, mais pour une fois, le réalisateur ne cherche aucunement à rendre ces séquences jubilatoires.
Effectivement, Hopeless s’inscrit davantage dans la catégorie du film d’auteur qui souhaite dénoncer les dérives d’une société sud-coréenne entièrement fondée sur la corruption et la violence. Petit à petit, le spectateur apprend à mieux connaître le personnage principal (excellent Hong Xa-bin) d’abord présenté sous un jour peu favorable par la violence qu’il dégage. Alors qu’il ne cesse de se comporter de manière brutale avec son entourage, l’adolescent ne fait pourtant que reproduire l’extrême violence dont fait preuve son beau-père envers lui. Les séquences de passage à tabac s’avèrent particulièrement éprouvantes pour le spectateur qui comprend dès lors le discours d’un cinéaste qui traque ici les origines de la terrible violence de la société sud-coréenne.
Une introspection sur la violence de la société sud-coréenne
En décrochage scolaire, l’adolescent va ensuite être pris dans la spirale de la petite délinquance, avant de passer au grand banditisme, sous la houlette d’un petit caïd (formidable Song Joong-ki). Ce dernier est capable d’être aussi sympathique que glaçant, en moins d’une seconde. Mais lui aussi possède un passé qui nous sera expliqué et qui conditionne également sa situation actuelle. Enfin, le réalisateur dénonce en passant les liens particulièrement étroits entre la classe politique locale et le crime organisé. Ainsi, il gravit tous les échelons de la société et démontre que la violence est présente à tous les niveaux.
© 2023 Megabox Plus M, Sanai Pictures / Bac Films. Tous droits réservés.
Certes, Kim Chang-hoon n’hésite pas à signer quelques séquences puissantes, avec pas mal d’hémoglobine et des coups portés qui font très mal, mais il évite de tomber dans la surenchère de ses confrères sud-coréens puisque son but initial est justement de dénoncer cette complaisance envers la violence. Ainsi, le titre Hopeless (sans espoir, donc) est particulièrement bien trouvé pour cette œuvre très sombre où seul le plan final peut laisser présager une éventuelle issue positive.
Hopeless porte bien son titre et propose une plongée très sombre dans la psyché humaine
Au cœur du long métrage, nous avons été notamment touchés par la relation très ambiguë entre le jeune délinquant et son chef. A la fois faite de respect mutuel, d’amitié, mais aussi d’un nécessaire rapport de supériorité, leurs interactions se terminent par une scène très forte sur le plan dramatique, sans qu’elle soit surjouée pour autant.
Comme souvent dans le cinéma local, Hopeless aurait sans doute gagné à être un peu plus resserré au niveau du montage pour éviter les quelques longueurs de la première heure, mais la suite compense assez largement les quelques errances du début. En l’occurrence, il s’agit d’une première œuvre fort intéressante et qui met la lumière sur un jeune auteur prometteur.
Présenté en 2023 dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, puis en sélection officielle à Reims Polar 2024 d’où il est reparti bredouille, Hopeless n’en demeure pas moins une première œuvre tout à fait convaincante et qui a le mérite de traiter son sujet de manière plus épurée que d’habitude dans le cinéma sud-coréen.
Box-office français de Hopeless
Sorti le 17 avril 2024 par Bac Films dans 40 salles, Hopeless n’a absolument pas attiré le public puisque le métrage est déjà à bout de souffle dès son premier jour avec seulement 1 325 entrées pour une moyenne par séance exsangue. A la fin de sa semaine d’investiture, le métrage ne totalise que 6 694 tickets vendus. La chute est assez vertigineuse la semaine suivante puisque les exploitants se débarrassent d’un film aux salles désespérément vides. Il n’engrange plus que 2 578 retardataires.
C’est quasiment fini pour lui puisque Hopeless est retiré de l’affiche au bout d’un unique petit mois d’exploitation et un résultat négligeable de 9 806 entrées, dont près de la moitié ont été comptabilisées dans la capitale. Ceci explique notamment l’absence d’un blu-ray. Ainsi, pour visionner le thriller en HD, il vous faudra passer par la VOD. Il mérite franchement le coup d’œil.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du17 avril 2024
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Affiche : Fidélio © Bac Films
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Kim Chang-hoon, Song Joong-ki, Hong Xa-bin
Mots clés
Cinéma coréen, Thrillers sud-coréens, Les gangsters au cinéma, Les délinquants au cinéma, La corruption au cinéma
