Anne Libert est devenue l’une des prêtresses du cinéma bis européen des années 70, avec des rôles multiples chez Jess Franco.
L’orientation de la carrière d’Anne Libert fut atypique. Rien ne prédestinait la fille du romancier Jean Libert, coauteur des Coplan, à s’adonner pendant un peu plus de dix ans au cinéma bis, dit d’exploitation.
Pourtant, au début, à la fin de son adolescence, au détour d’un casting, elle décroche un rôle chez Roger Vadim dans Le vice et la vertu, en 1963. Le film a pour vedettes Annie Girardot, Catherine Deneuve et Robert Hossein. Anne Libert enchaîne avec L’année du Bac. Malheureusement sa carrière ne décolle pas et elle se contente de petits boulots, notamment dans le mannequinat. Elle se marie et élève son enfant pendant quatre ans.
Elle revient au cinéma par hasard dans les années 70, après être passée par le Crazy Horse Saloon. Mais les rôles qu’on lui propose sont essentiellement dans des films déshabillés, ce qu’elle préfère toutefois aux années de cabaret. L’ambiance joyeuse des tournages et les voyages successifs expliquent une quarantaine de rôles dans des productions souvent médiocres aux titres improbables.
Elle tourne essentiellement pour Jess Franco et Jean-François Davy. Pour Franco, elle enchaîne Trois filles nues dans l’île de Frankenstein, Dracula prisonnier de Frankenstein, Quartier de femmes, La fille de Dracula, Une vierge chez les morts-vivants, Les expériences érotiques de Frankenstein, Les Démons, Les ébranlées, Le journal intime d’une nymphomane… Les Démons et Une vierge chez les morts-vivants comptent parmi ses meilleurs longs métrages. Ces années de folie lui permettent de côtoyer l’acteur et photographe homosexuel Howard Vernon.
Jean-François Davy, de son côté, la dirige dans comédies érotiques : Bananes mécaniques, Prenez la queue comme tout le monde, Q, Ça va faire mal. Elle tourne également pour Max Pécas (Club privé pour couples avertis), Christian Gion (Les couples du bois de Boulogne), Claude Mulot (Les charnelles), Guy Lux (Drôles de zèbres) et même Claude Lelouch (Le chat et la souris, Le bon et les méchants).
On n’oubliera pas ses collaborations avec Jean-Claude Roy (La mafia du plaisir, Les petites pensionnaires, Photos scandale), Serge Korber (Hard Love, Ta gueule, je t’aime !).
Ces années ont fait d’elle une icône malgré elle, mais Anne Libert ne désavoue pas ces années qu’elle regarde avec tendresse et étrangeté.
Alpha France