Diablement efficace, Terrifier est un slasher très gore qui bénéficie d’un boogeyman charismatique et d’une ambiance glauque à souhait. Le résultat, parfois franchement trash et dérangeant, est à réserver à un public très averti.
Synopsis : La nuit d’Halloween, deux femmes croisent la route de Art the Clown, un tueur sadique.
Art le Clown trucide à tour de bras depuis plus de 15 ans
Critique : Personnage apparu dès le premier court-métrage du réalisateur Damien Leone en 2008, Art le Clown est un tueur psychopathe acharné qui trucide toute personne passant à sa portée. Visiblement confiant en la puissance visuelle de ce personnage qu’il veut transformer en boogeyman culte, Damien Leone lui offre vingt minutes de présence inquiétante dans son court-métrage Terrifier (2011) qui a glané des récompenses dans les festivals d’horreur les plus divers. Alors que ses courts ont ensuite été compilés dans le film omnibus All Hallows’ Eve (2013), Damien Leone envisage très sérieusement de consacrer un film entier à ce protagoniste flippant.
Pour cela, il lance vers 2015 une campagne sur internet afin de démontrer aux éventuels investisseurs que le clown tueur possède une armée de fans à travers les Etats-Unis. Cette opération réussie a permis de convaincre le producteur Phil Falcone d’investir environ 35 000 $ dans la conception de ce tout petit film indépendant. Avec un tel budget, le scénario a été réduit à peau de chagrin, se limitant à une course poursuite dans un immeuble désaffecté entre un boogeyman dérangé et plusieurs personnages féminins.
Terrifier ne serait rien sans la prestation de David Howard Thornton
Pour incarner Art le Clown, Damien Leone n’a pas pu compter sur l’acteur Mike Giannelli qui l’a interprété dans ses courts car celui-ci ne souhaitait pas être associé toute sa vie à ce rôle trash. Leone s’est donc reporté sur le comédien de doublage David Howard Thornton. Choix tout à fait éclairé puisque l’acteur est parvenu à transcender ce protagoniste muet pour en faire un boogeyman d’anthologie, totalement flippant.
© 2016 Dark Age Cinema. All Rights Reserved.
Forcément limité par un budget très restreint, Terrifier s’avère être une jolie réussite dans un domaine horrifique où il est difficile de se distinguer. Ce n’est pourtant pas par son scénario que le métrage brille puisqu’il s’agit d’un slasher basique qui suit pas à pas les exactions d’un tueur fou déguisé en clown, à moins que cela ne soit une incarnation du Mal absolu. En faisant le choix de montrer son clown tueur dès le début, Damien Leone prenait le risque de galvauder son protagoniste central, mais la puissance de jeu de David Howard Thornton balaie nos craintes très rapidement. En réalité, le personnage d’Art est bien le point fort de ce long-métrage à l’ambiance terriblement glauque. Dès qu’il apparaît à l’écran, il angoisse le spectateur par son seul charisme, et ceci même si l’on n’apprécie pas particulièrement les films avec des clowns tueurs.
Sur les traces putrides du torture porn
Ici, on est à mille lieues des Clowns tueurs venus d’ailleurs (1988) des frères Chiodo qui était essentiellement parodique. En réalité, Damien Leone injecte plusieurs références au cœur de son film, dont celle à propos de l’Halloween (1978) de John Carpenter ou encore du Saw (2004) de James Wan. D’ailleurs, si le script s’inscrit pleinement dans la mouvance du slasher, le déferlement de violence gore et l’ambiance glauque sont surtout à rapprocher du torture porn si populaire dans les années 2000.
Dans Terrifier, les coups portés font très mal et les chairs sont maltraitées de la plus odieuse des manières. Conscient de la minceur de son budget, Damien Leone s’est servi de son expérience en tant que maquilleur d’effets spéciaux pour délivrer des plans sanglants particulièrement marquants. Ainsi, l’on déconseille vivement la projection d’une telle œuvre aux âmes un peu trop sensibles puisque le clown se livre aux pires débordements sans qu’aucun humour ne vienne tempérer ses errements. Bien au contraire, le décor de cet immeuble pourri renforce l’aspect craspec du film qui atteint un paroxysme dans l’horreur lors d’un meurtre tranchant où une victime est découpée à la scie de la tête au pied avec un luxe de détails vraiment vomitifs.
Cette horreur graphique n’empêche pourtant pas Damien Leone de s’adonner à une angoisse plus fine lorsqu’il tourne quelques scènes de suspense assez stressantes. Là encore, son usage de la caméra est plutôt judicieux, ainsi que sa direction d’actrices qui ont beaucoup de mérite à se faire sans cesse poursuivre et maltraiter (pour de faux bien évidemment).
Un film devenu culte qui appelait une suite
D’abord sorti aux Etats-Unis en DVD et sur des plateformes de VOD, Terrifier a connu des ventes correctes qui en ont fait une bonne affaire, d’autant que le personnage d’Art le Clown est devenu culte en quelques années. Cela a permis de mettre en chantier une suite intitulée Terrifier 2 (2022) qui a été un véritable phénomène aux Etats-Unis lors de sa sortie en salles, puisque la suite a cumulé près de 15 millions de dollars de recettes. De quoi offrir une nouvelle visibilité au premier Terrifier qui est sorti pour la première fois au cinéma aux States dans un circuit limité à 400 salles en juillet 2023, réalisant un score modeste de 339 946 $.
En France, le film est resté inédit au cinéma, contrairement au deuxième opus et il est proposé à la vente physique par ESC Editions depuis mai 2023. Il a surtout fait les beaux jours de la plateforme de streaming Shadowz consacrée à l’horreur.
Critique de Virgile Dumez
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Damien Leone, David Howard Thornton, Jenna Kanell, Samantha Scaffidi
Mots clés
La saga Terrifier, Cinéma gore, Trash, Les clowns au cinéma
