Dix ans après un décevant troisième épisode, Scream 4 se devait de réparer les erreurs du précédent volet. Mission à moitié remplie par Wes Craven dont ce fut le dernier film.
Synopsis : 10 ans se sont écoulés depuis les terribles meurtres commis par Ghostface. Sidney Prescott est parvenue à tourner la page mais c’est tout de même avec appréhension qu’elle retourne à Woodsboro pour le lancement de son premier roman.
Ses retrouvailles avec sa cousine Jill ainsi qu’avec le duo de choc Dewey et Gale seront de courtes durées : Ghostface est de retour mais cette fois-ci les règles vont changer.
Scream 4 s’en prend à la mode des remakes
Critique : Depuis la déception générée par l’échec artistique de Scream 3 (2000), le cinéma horrifique a subi une profonde mutation, avec notamment le déferlement d’une violence hardcore à l’écran depuis le succès de la saga Saw initiée par James Wan en 2004. L’avènement du torture porn a donc rendu obsolète le sous-genre du slasher qui a pourtant dominé la fin des années 90. Durant la décennie 2000, les carrières des différents créateurs de la saga Scream ont également connu des fortunes diverses.
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Ainsi, Wes Craven a connu une décennie compliquée avec un unique succès à son actif, le pourtant pas terrible Red Eye : Sous haute pression (2005). Il a surtout vécu de grandes périodes d’incertitudes avec ses projets Cursed (2005) et My Soul to Take (2010). Finalement, il a pu rester à flot grâce à la vogue des remakes, à laquelle il a largement participé en tant que producteur (La colline a des yeux d’Aja en 2006, La dernière maison sur la gauche d’Iliadis en 2009) . De son côté, le scénariste Kevin Williamson a vu sa notoriété mise à mal au cours de la décennie et les acteurs stars de la franchise n’ont pas réussi à s’individualiser et à capitaliser sur leur récente notoriété.
Un spectacle à destination de la jeunesse 2.0
Lorsque tout ce beau monde se retrouve donc au début de la décennie 2010 pour une suite tardive, l’enthousiasme est à l’ordre du jour. Il s’agit de réparer en partie les erreurs commises dans le segment précédent, unanimement conspué par les fans, à raison d’ailleurs. Puisque le premier film se moquait des règles des films d’horreur, que le second parodiait les suites et que le troisième égratignait les trilogies, il ne restait plus à Kevin Williamson que la ressource offerte par la récente mode des remakes. Et Scream 4 (2011) de cibler cette tendance du moment, ainsi que celle du torture porn.
Au passage, les auteurs en profitent pour dénoncer cette jeunesse 2.0 qui ne vit plus qu’à travers leur propre image sur les réseaux sociaux. En cela, le personnage de la cousine de Sidney incarnée par Emma Roberts se révèle symptomatique de ces nouveaux comportements. On pense également au duo de geeks incarnés par Rory Culkin et Erik Knudsen qui filment l’intégralité de leur vie pour la diffuser sur internet. Kevin Williamson initie donc une réflexion – un peu courte tout de même – sur le danger que représente ces réseaux sociaux auprès d’une jeunesse qui confond de plus en plus fiction et réalité.
Plus de sang et (un peu) moins d’humour
Le métrage commence plutôt bien avec une scène d’ouverture construite sous la forme de poupées russes, avec une double mise en abime et une parodie de la séquence initiale du premier Scream. On note assez rapidement l’introduction d’une touche humoristique nettement moins pesante que dans Scream 3, même si l’utilisation permanente du second degré peut lasser à la longue. Alors que le troisième volet mettait la pédale douce sur la violence, Scream 4 revient déverser des flots de sang, avec même une courte incursion dans le gore, fait plutôt rare dans la filmographie de Wes Craven.
© 2011 Dimension Films
Les scènes de suspense sont à nouveau plus efficaces, mais Scream 4 pâtit malheureusement du même défaut que les précédents en proposant à nouveau un casting globalement fade. Malgré les années passées, le jeu de Neve Campbell n’est toujours pas des plus solides. Mais le pire vient toujours du duo – désormais à la ville comme à l’écran – formé par David Arquette et Courtney Cox. Leur jeu télévisuel n’a guère évolué et ce n’est pas le jeune casting, uniformément lisse, qui permet de compenser ce manque de charisme général des comédiens de la franchise.
Une déception au box-office américain
Le spectacle, heureusement dynamisé par un bon thème musical de Marco Beltrami s’avère donc éminemment sympathique et corrige en partie les défauts du précédent épisode. Toutefois, ce néo-slasher n’apporte aucun vrai sang neuf à la saga et joue la sécurité, à tel point qu’on l’oublie finalement très vite. Le métrage restera surtout dans les mémoires comme étant la toute dernière réalisation du grand Wes Craven, décédé quelques années plus tard.
A sa sortie aux Etats-Unis, après une imposante campagne de promotion sur les réseaux sociaux, et notamment Twitter, Scream 4 a ouvert le bal avec 18,6 millions de dollars amassés lors de son premier week-end, soit la deuxième place après le dessin-animé Rio. Il s’agissait clairement d’une déception, d’autant que le thriller a rapidement chuté les semaines suivantes, n’arrivant pas à rembourser son budget officiel (hors publicité) sur le seul territoire nord-américain.
La franchise perd la moitié de ses spectateurs en France
En France, la sortie du long-métrage fait encore parler et motive 533 026 fans lors de sa toute première semaine à l’affiche. Un score tout à fait positif pour un film d’horreur, mais assez décevant au regard des chiffres habituels de la franchise. Finalement, le quatrième épisode a attiré dans ses pièges 1 070 890 d’adolescents et de nostalgiques, ce qui est en net retrait par rapport à la trilogie d’origine dont les différents volets se sont toujours positionnés au-dessus des 2 millions d’entrées. Il a ensuite fallu attendre dix nouvelles années pour revoir un épisode de la saga sur grand écran, sous la dénomination simple de Scream (2022), cette fois réalisé par le duo Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett.
Critique de Virgile Dumez
Sorties de la semaine du 13 avril 2011
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Artwork © The Weinstein Company. Dimension Films
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Wes Craven, Rory Culkin, Erik Knudsen, Anna Paquin, Mary McDonnell, Britt Robertson, Adam Brody, Lucy Hale, Emma Roberts, Alison Brie, Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Hayden Panettiere, Nico Tortorella, Shenae Grimes-Beech, Marley Shelton
