Film très efficace, Méandre devrait séduire les amateurs de jeu vidéo et d’Escape Game, d’autant que le métrage est porté par l’interprétation solide de Gaia Weiss et une réalisation pertinente.
Synopsis : Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…
Après Cube, bienvenue dans le Tube
Critique : Après un coup d’essai décevant dans le domaine du film post-apocalyptique (le raté Hostile en 2017), le réalisateur Mathieu Turi revient avec un nouveau film de genre, cette fois-ci bien plus convaincant, grâce à une réalisation qui a gagné en maturité. Sur un pitch qui nous rappelle forcément le séminal Cube (Natali, 1997), mais aussi tous les films de claustration qui vont de Buried (Cortés, 2010) au très récent Oxygène (Aja, 2021), Mathieu Turi parvient à se distinguer de la concurrence par un détail qui a son importance. Effectivement, la protagoniste principale ne doit pas restée enfermée dans un espace limité, mais doit au contraire sans cesse évoluer au cœur de tubes qui sont autant de pièges mortels destinés à la faire avancer.
© 2019 Fulltime Studio, CinéFrance Studios, Equitime, WTFilms
Finalement, le long-métrage s’apparente davantage à un jeu vidéo – le cinéaste cite en entretien le créateur de jeu Hideo Kojima (Metal Gear Solid et récemment Death Stranding) comme référence suprême – et l’ensemble succombe au goût actuel de la jeunesse pour les environnements d’Escape Game.
Un Escape Game qui n’a rien d’un jeu
L’héroïne doit donc subir un nombre conséquent d’épreuves qui ont toutes un rapport avec les éléments. Ainsi, elle doit éviter le feu, l’eau, mais aussi des fluides acides et même des ruptures d’apesanteur. A chaque étape, elle est également confrontée à des monstres que l’on croirait échappés de The Descent (Marshall, 2005), référence qui se retrouve jusque dans la confrontation de la mère avec sa fille disparue, comme dans le film de Neil Marshall. Signalons enfin que le plan final qui révèle le lieu où se déroule l’action a également été vu dans le récent Mandy (Cosmatos, 2018).
Si la plupart de ces références sont sans aucun doute involontaires ou inconscientes, elles ont effectivement tendance à retirer de l’originalité à ce projet pourtant intéressant et assurément ambitieux. Cela n’empêche pas le spectateur de vibrer régulièrement aux aventures de la pauvre Lisa incarnée avec beaucoup de conviction par Gaia Weiss. De tous les plans, la jeune femme révèle une vraie présence physique, tout en sachant exprimer les émotions très puissantes éprouvées par son personnage. On aime cette description d’une femme qui, suicidaire dans les premières minutes du film, va tout faire pour s’accrocher à la vie, acceptant même au passage de faire le deuil de sa fille disparue.
© 2019 Fulltime Studio, CinéFrance Studios, Equitime, WTFilms
Une métaphore trop évidente au sein d’un film à l’efficacité immédiate
La révélation finale, entre science-fiction et métaphore religieuse, est sans doute trop évidente et attendue dans ce genre de long-métrage qui se veut toujours philosophique, mais cela ne retire en rien l’efficacité du produit fini. Réalisé avec ingéniosité par un Mathieu Turi en pleine possession de ses moyens, Méandre n’est jamais ennuyeux grâce à un rythme soutenu et des pièges sans cesse renouvelés. Les amateurs du genre apprécieront également les quelques plans saignants, voire carrément gore, qui parsèment le film.
Méandre a donc le mérite de proposer un film de genre français cohérent et qui évite de tomber dans les travers sociologiques ou les tics d’auteur de ses compatriotes. L’œuvre est ainsi entièrement vouée à l’efficacité immédiate et s’avère plutôt réussie.
Véritable bête de festival, Méandre a obtenu de nombreux prix dans le monde entier. Après avoir vu sa sortie repoussée pour cause de pandémie du 10 février au mois de juin 2021, le film d’horreur a été avancé au 26 mai. Il compte profiter de la réouverture des salles -il dispose de 230 écrans en première semaine- pour tenter de séduire un large public. On lui souhaite bonne chance.
Critique de Virgile Dumez
Sorties de la semaine du 26 mai 2021
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