Triomphe au box-office américain, Magic Mike, projet porté par Channing Tatum, se pose comme un Sexy Dance un peu plus mature que la moyenne de la saga qui lui était contemporaine. Est-ce pour autant un grand Soderbergh? On en doute encore…
Synopsis : E Mike a trente ans et multiplie les petits boulots : maçon, fabricant de meubles, etc… Il se rêve entrepreneur. Il est surtout strip-teaseur. Chaque soir, sur scène, dans un club de Floride, il devient Magic Mike. Lorsqu’il croise Adam, il se retrouve en lui, l’intègre au club et décide d’en faire le Kid. Mais le Kid a une sœur, qui n’est pas prête à trouver Mike irrésistible…
Critique : Hasard des emplois du temps, un deuxième Steven Soderbergh en mode mineur sort durant l’été 2012. Un mois après le film d’action Haywire/Piégée, avec Gina Carano, c’est au tour de Magic Mike de prendre la relève. Du lourd quand on mesure l’intérêt d’une œuvre au poids du succès américain (110M$ au box-office pour un micro budget de 7M$), mais malheureusement une sortie assez quelconque au vu de ce qu’il a à raconter.
Aussi agréable et bien fichu soit-il, Sexy Dance 5, oups, Magic Mike n’est rien d’autre qu’une énième romance avec obstacle et remise en question existentielle comme Hollywood est capable de nous la resservir en plat réchauffé chaque année. Relatant les premiers pas de Channing Tatum dans la vie active en tant que stripper à la Chippendale, la base scénaristique n’est pas forcément en béton. Le beau gosse est musclé et tous les torses sont généreusement exhibés dans une histoire sans prise de risque où la convention est de mise. Tatum affirme ne pas avoir relaté des événements biographiques réels, mais plutôt l’ambiance fête, filles et fun dans laquelle il baignait avec ces autres potes du strip-tease, des gars cool souvent accros à la dope.
Alex Pettyfer et Channing Tatum dans Magic Mike (2012) © 2011 Thong & Bowtie, LLC Tous droits réservés / All rights reserved
Magic Mike ne racontera rien de plus que tout ce que les sexy dance movies n’ont déjà raconté (d’ailleurs c’est une chorégraphe de Britney Spears et de Madonna qui élaborait les numéros dansés), avec son héros sympathique qui joue de son corps pour s’offrir un avenir en or, sauf que ses atouts physiques prennent de la bouteille et qu’à 30 ans il devrait vraiment se remettre en question. En rencontrant une créature diurne et taciturne par exemple, tout le contraire, apparemment de lui, qui le remettra sur le bon chemin (c’est-à-dire loin des méchantes drogues de synthèse et du vilain gourou à l’ego en pleine excroissance joué par Matthew McConaughey qui en fait trop).
Ce scénario de guinguette de province apparaît comme une faute de goût de la part de Soderbegh que l’on aurait pu croire plus exigeant de par son standing d’auteur palmé (Sexe, Mensonges & Vidéo, en 1989) et le caractère souvent expérimental de sa filmographie. En revanche, pour ceux et surtout celles qui ne savent pas le maître qu’il est, le divertissement lambda fait étalage de chair sans trop de vulgarité, il est plutôt bien roulé et saura plaire au public désirant du regard les sculptures masculines animées. Les autres passeront leur chemin. Il n’y a ici aucun fantasme cinématographique, juste du mâle bien emballé dans un esprit bon enfant de plus de 18 ans. Ils iront donc revoir le plus excitant Showgirls de Paul Verhoeven, flop notoire en son temps, mais qui au moins, sur un script passe-partout, venait inoculer un minimum de perversité dans le monde si lisse du Vegas dansant.
Sorties de la semaine du 15 août 2012
© ARP Sélection, © 2011 Thong & Bowtie, LLC Tous droits réservés / All rights reserved
Box-office :
Véritable succès au box-office américain, Magic Mike ouvre à 39M$ soit, en 2012, le meilleur démarrage de la carrière de Steven Soderbergh, devant Ocean’s 11. On notera que la première position était occupée par une autre comédie à destination d’un public adulte, Ted, premier du nom, avec Mark Wahlberg en prise avec un ours en peluche roublard.
Si le Soderbergh chute vite (-55% en deuxième semaine, – 42% en 3e semaine), il dépasse les 100 000 000$ durant sa 4e semaine, démontrant le pouvoir d’attraction de Channing Tatum dans son pays d’origine. La star de Cher John, Je te promets, et 21 Jump Street, est bien loin de susciter autant d’enthousiasme auprès du public européen.
Au final, les go-go dancers atteignent fièrement les 113 781 613$. Un score prodigieux pour une production budgétée à seulement 7 millions de dollars que Warner Bros a su brillamment distribuée sur le sol américain.
Magic Mike déçoit à l’international, en particulier sur les marchés latins
A l’international, le succès ne se reproduira pas à cette échelle. En France, le distributeur ARP est déçu, puisque la comédie hypée ne dépasse pas les 300 000 entrées. Il faut dire que la sortie tardive, plus d’un mois et demi après les USA, un 15 août, était risquée. La semaine du 15 août est historiquement creuse sur l’ensemble de notre territoire, et particulièrement vide sur la capitale. D’ailleurs, aucune nouveauté ne trouvera sa place au box-office cette semaine-là. Le remake de Total Recall, Mémoires Programmées , avec Colin Farrell, paraît sur 524 écrans, et fera illusion avec 1 276 525 entrées en fin de carrière et une première semaine à 551 476 spectateurs (soit bien plus que l’entièreté de la carrière de Magic Mike), mais le blockbuster a coûté la modique somme de 125 millions de dollars.
Magic Mike ne tient pas le bouche-à-oreille dans l’Hexagone. Si la deuxième semaine est relativement stable (84 376 entrées, -36%), il s’agit en fait des séances de rattrapage pour les vacanciers revenus au bercail. Malheureusement, la troisième semaine accentue la chute (-49%) et dès la rentrée de septembre, il n’y a plus personne pour mettre le feu dans la salle. En 4e semaine, Magic Mike est éteint, avec 15 611 spectateurs dans 146 salles (-64%). Trois semaines plus tard, les danseurs torrides de la Tampa, n’auront plus que 430 spectatrices dans 21 salles pour les applaudir.
Les Français, pourtant fidèles à Soderbergh où l’auteur a eu ses plus gros succès, sont bien moins nombreux que les Britanniques, les Australiens, les Italiens, les Néerlandais ou les Allemands. Même la Belgique est proche du score français. La Chine et le Japon ne le programment pas ou tardivement dans le cas des Japonais. Le Brésil lui fait un bide. Au Mexique, pourtant voisin des USA et de la Floride, c’est un véritable désastre qui attend le programme pourtant très caliente. Le film y est sorti avec 5 mois de retard par rapport aux USA. C’est également le cas pour l’Espagne qui retient vraiment ses ardeurs. Le film n’y rentrera qu’en 8e position hebdomadaire, malgré ses 231 copies.
Biographies +
Steven Soderbergh, Matthew McConaughey, Channing Tatum, Riley Keough, Alex Pettyfer, Cody Horn, Matt Bomer, Joe Manganiello, Olivia Munn
