Le bonheur des uns… est une comédie rayonnante, toujours de bonne disposition, aux dialogues chargés d’un humour du verbe truculent.
Synopsis : Léa, Marc, Karine et Francis sont deux couples d’amis de longue date. Le mari macho, la copine un peu grande-gueule, chacun occupe sa place dans le groupe. Mais, l’harmonie vole en éclat le jour où Léa, la plus discrète d’entre eux, leur apprend qu’elle écrit un roman, qui devient un best-seller. Loin de se réjouir, petites jalousies et grandes vacheries commencent à fuser. Humain, trop humain ! C’est face au succès que l’on reconnait ses vrais amis… Le bonheur des uns ferait-il donc le malheur des autres ?
Critique : Aimer un film de Daniel Cohen semblait être une mission impossible après les fiascos de Les deux mondes, avec Pooelvorde, et Comme un chef, avec Youn et Reno. Cette fois-ci l’acteur-réalisateur adapte une pièce de théâtre qu’il avait écrite mais qu’il n’avait finalement pas montée. En transposant ses idées dans une comédie de cinéma, il trouve le ton juste.
L’amitié envers et contre tous
A l’instar de Le prénom, Barbecue ou Le jeu, autres réussites françaises dont le socle se repose sur une solide histoire d’amitié entre les personnages, Le bonheur des uns… déploie un lien chaleureux entre chaque protagoniste pour mieux gratter sous le vernis et laisser émerger les sentiments de frustration et de jalousie, que peuvent connaître ces deux couples si loin si proches.
Version réussie de Chamboultout (Eric Lavaine, 2019) où il était déjà question du premier ouvrage d’une quinqua au risque de “chambouler” ses relations avec ses nombreux amis, Le bonheur des uns… délivre plus d’élégance dans les dialogues, la réalisation, et bénéficie d’un casting aux petits oignons.
Florence Foresti domine le casting
La success-story, dans le domaine littéraire, que vit le personnage de Bérénice Béjo, dépourvu d’ambition mal placée et de cupidité, donne lieu à une échographie des rapports de proximité, avec ceux que l’on croit connaître ou aimer pour ce qu’ils sont, mais qui ont bien des attaques à vous faire par derrière.
La cupidité et l’égocentrisme maladive du personnage de Florence Foresti – qui imprègne l’écriture de son jeu bouffant de naturel dans l’incarnation de la mesquinerie dont elle a toujours raffolé dans ses travestissements -, est le véritable moteur. La comédie n’est jamais bancale, toujours truculente.
Si les personnages masculins sont un peu en retrait face à l’affrontement des lignes entre Béjo et Foresti, le rythme n’est jamais mis à mal par le caractère théâtral des scènes, dont on ressent l’inspiration dramatique dès l’ouverture. Cette première séquence, au restaurant, qui a été choisie pour illustrer l’affiche, est l’évocation d’une théâtralité qui passe bien à l’écran. Ce grand moment de procrastination et d’incapacité à choisir un dessert, pose les personnages dans leurs défauts, et lance brillamment le film évoluer au fil des répliques affutées, et de l’harmonie entre les acteurs qui convient la convivialité.
Le film est un mets fin, délicieux, qui aurait certes gagné à passer plus de temps à développer la psychologie de ses hôtes, mais le résultat est chaleureux. Plus qu’aimable, il est agréable. Et pourtant Florence Foresti y est sacrément peau de vache.
Le test DVD
Sorti en salle en septembre 2020 en raison du grand confinement du printemps, Le bonheur des uns… n’a pas eu la carrière qu’il méritait, ne dépassant pas les 300 000 entrées sur l’Hexagone. Le contexte de distribution avait été difficile en raison de la peur du coronavirus, du besoin d’air des Français qui ne se sont pas précipités dans les lieux clos comme les salles de cinéma.
La comédie est désormais disponible en vidéo. Malheureusement aucun blu-ray n’a été proposé, puisque l’éditeur M6, peu optimiste quant à la cinéphilie relative de clientèle du film, n’a préféré miser que sur la VOD ou un DVD sans bonus.
Au moins l’image y est resplendissante et loin du DVD mal fignolé aux approximations de restitution que l’on peut encore trouver sur le marché. La tonalité du film a été respectée. En revanche, on reste sceptique quant à l’absence d’une piste DTS. Certes, les enjeux ne sont pas sonores et le DTS DD n’est pas mauvais, mais il y avait de quoi remplir un peu plus cette galette physique qui doit se poser la question de sa pertinence à l’heure du dématérialisé. Sans bonus et sans véritables enjeux techniques, ce DVD fait partie de ses sorties qui lance un message douloureux aux acharnés du support physique que les éditeurs de films commerciaux précipitent un peu vers sa fin.
Critique de Frédéric Mignard
Sorties de la semaine du 9 septembre 2020
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