La Maison de la mort : la critique du film (1934)

Fantastique | 1h12min
Note de la rédaction :
7/10
7
Affiche de La Maison de la mort

  • Réalisateur : James Whale
  • Acteurs : Boris Karloff, Melvyn Douglas, Charles Laughton, Gloria Stuart, Lilian Bond, Ernest Thesiger, Eva Moore, Raymond Massey, Elspeth Dudgeon, Brember Wills
  • Date de sortie: 06 Avr 1934
  • Nationalité : Américain
  • Année de production / Titre original 1932 / The Old Dark House
  • Titres alternatifs : Une soirée étrange (France, 1934), La maison grise (Belgique), La casa lúgubre (Mexique), Das Haus des Schreckens (Autriche), Das alte finstere Haus (Allemagne), Das Haus des Grauens (Allemagne, 2014), In de macht van het monster (Pays-Bas)
  • Scénario : Benn W. Levy, d'après le roman de J.B. Priestley
  • Distributeur (reprise 2019) : Carlotta Films (date de reprise du 25/09/2019)
  • Editeur vidéo : Carlotta Films
  • Date de sortie vidéo : 27 janvier 2021 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 478 entrées / 1 155 entrées
  • Illustration : Dark Star / L'Etoile Graphique
  • Crédits : Copyrights 1932 Universal Pictures / 1980 Renouvelé Universal Pictures Company Inc / Copyrights 2017 Cohen Media Group LLC
  • Format : 1. 33:1 / Noir et blanc (35mm) / Mono
Note des spectateurs :

Rareté signée par un maître du cinéma d’épouvante des années 30, La Maison de la mort est une belle curiosité pour cinéphiles. Après le monstre de Frankenstein, Boris Karloff  incarnait à nouveau un être étrange.

Synopsis : Alors qu’ils traversent une région isolée du pays de Galles, M. et Mme Waverton et leur ami Philip sont pris dans une terrible tempête. Ils trouvent refuge dans une vieille demeure tenue par Rebecca Femm et son frère Horace, secondés par Morgan, leur étrange majordome muet et défiguré. Un peu plus tard dans la soirée, deux autres visiteurs viennent à leur tour demander l’hospitalité : Sir William Porterhouse et son amie Gladys Duquesne. À mesure que la nuit s’installe, l’atmosphère se fait de plus en plus pesante entre les hôtes et leurs invités. Le terrible secret de cette demeure est alors sur le point d’être révélé !

La maison de la mort, photo

Copyrights 1932 Universal Pictures / 1980 Renouvelé Universal Pictures Company Inc / Copyrights 2017 Cohen Media Group LLC

Le film brille par son ambiance gothique et sa force suggestive

Critique : Produit par Carl Laemmle et Universal, The Old Dark House de James Whale, sorti en France en 1934 sous le titre Une soirée étrange, était un peu tombé aux oubliettes, loin de la réputation de Frankenstein et L’Homme invisible, les deux autres films culte de James Whale. Adapté d’un roman de l’obscur J.B. Priestley, écrivain anglais, qui fut lui-même l’objet d’une transposition théâtrale, le film vaut surtout pour son ambiance gothique et son ancrage horrifique qui joue sur la suggestion davantage que les effets de Grand-guignol. Car si l’œuvre peut être rétrospectivement perçue comme une série B, avec l’économie de moyens que cela supposait, Whale se sert justement de ses contraintes budgétaires pour créer une ambiance trouble et angoissante. Il anticipe ainsi les géniales perles noires de Jacques Tourneur pour la RKO à la décennie suivante (Cat People) : une porte qui claque, un coup de tonnerre ou une vieille femme filmée en ombres chinoises suffisent à créer un réel trouble, le huis clos accentuant la sensation d’oppression.

La Maison de la mort dépasse la minceur d’un scénario minimaliste

Whale est très bien épaulé par une équipe artistique et technique au top, dont le chef opérateur Arthur Edeson (Le Faucon maltais), le décorateur Charles D. Hall (Le Fantôme de l’opéra), ou le chef maquilleur Jack Pierce, qui avait déjà amoché Béla Lugosi dans Dracula et Boris Karloff dans Frankenstein, ce dernier jouant ici le rôle du majordome effrayant. L’ouvrage pourra certes sembler mineur de par son canevas policier mince et son intrigue minimaliste. Mais outre les qualités que nous avons mentionnées, La Maison de la mort bénéficie d’un ton décalé inédit pour l’époque, Whale apportant une surprenante dose d’humour anglais dans les situations les plus incongrues ou terrifiantes. On a aussi à droit un réjouissant marivaudage à la sauce macabre et à des allusions grivoises sans être vulgaires, ce que permettait encore Hollywood avant le code de censure Hays en vigueur dès 1934, soit deux ans après la sortie américaine du film.

Une sublime restauration 4K pour un ouvrage à voir bien que mineur

Les cinéphiles pourront en outre s’amuser à établir des correspondances avec de futurs fleurons du genre : des automobilistes surpris par la pluie ou une personne âgée cachée dans une chambre annoncent Psychose, une bigote dégénérée rappelle la mère de Carrie, et aux hôtes loin d’être bienveillants feront écho les tenanciers de L’Auberge rouge ou la famille recluse de Massacre à la tronçonneuse. Quant au casting, il est certes inégal : si certains acteurs n’évitent pas la grandiloquence théâtrale inhérente au début du cinéma parlant, on appréciera le jeu très classieux de Melvyn Douglas (Ninotchka) et le charme acidulé de Gloria Stuart, qui incarnera des décennies plus tard Rose âgée dans Titanic. Au final, s’il reste un ouvrage mineur, La Maison de la mort se savoure comme certains incunables diffusés naguère au Cinéma de minuit. Le distributeur Carlotta a pris la judicieuse initiative de le proposer dans sa sublime restauration 4K.

Critique : Gérard Crespo

Les sorties de la semaine du 25 septembre 2019

Affiche de La Maison de la mort

© 1932 Universal Pictures Corp – renouvelé 1960 Universal Pictures, Inc – 2017 Cohen Media Group, LLC. Tous droits réservés

Le test Blu-ray

Après une ressortie en salle en 2019, La maison de la mort débarque dans une édition blu-ray qui rend hommage à cette rareté bénéficiant d’une restauration 4K. Attention, un digipack fin et élégant est proposé dans son édition collector limitée.

Suppléments : 3 / 5

Trois compléments sont proposés. De qualité.

Tout d’abord, le blu-ray dispose d’une interview de “la fille de Frankenstein” (15mn), donc de l’engeance de Boris Karloff, Sarah. Celle-ci qui n’était pas encore née lorsque les classiques de James Whale ont été réalisés, revient sur son expérience en tant que spectatrice face aux films de son père. Elle donne de nombreuses anecdotes sur le classique d’Universal Frankenstein et évidemment La maison de la mort, abordant notamment le rapport compliqué entre Charles Laughton et son père.

Artwork / Cover de La maison de la mort (blu-ray Carlotta)

Copyrights 1932 Universal Pictures / 1980 Renouvelé Universal Pictures Company Inc / Copyrights 2017 Cohen Media Group LLC

La fille d’une légende qui prend la parole. Cela s’écoute, avec dévotion.

Le second bonus est l’interview du réalisateur Curtis Harrington, l’homme qui a sauvé La maison de la mort. Celui-ci confie le défi qu’il s’est imposé pour que la pellicule du film soit restaurée, alors que deux studios, Universal et Columbia Pictures, se partageaient en toile de fond les droits pendant un certain temps. Les arcanes de la distribution sont ici dévoilées. Evidemment, la mention sur la jaquette de la restauration 4K ne concerne pas Curtis Harrington (Ruby, Mata Hari, avec Sylvia Kristel pour Cannon Films), mort en 2007. Il n’aura jamais eu la possibilité de découvrir l’incroyable travail fourni pour un tel degré de perfection. L’interview est ancienne.

Carlotta propose enfin une bande-annonce liée à la ressortie du film en salle, en 2019.

Image : 5 / 5

Œuvre tournée en 1932, peu après le passage au cinéma parlant, donc il y a presque un siècle, La maison de la mort est un miracle de restauration. Restituée à la perfection grâce à la technologie numérique, l’image confine au sublime. Dépourvue de griffures, de toutes traces du temps, la copie restitue les différentes teintes de gris avec une précision éblouissante. La texture du cadre gothique et rustique confère des qualités visuelles remarquables à ce quasi huis clos aux ombres et lumières qui affolent l’écran.

Son : 4 / 5

Le mono d’origine, en DTS HD Master Audio, est proposé en anglais, sous-titré en français. La piste est claire et détache clairement les effets sonores (pluie, orage). Le travail sur cette piste est remarquable.

Frédéric Mignard

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