Ghosted est un téléfilm paresseux sans aucun enjeu narratif. La rencontre explosive entre Chris Evans et Ana de Armas est un pétard mouillé qui relève du ghostbluster, c’est-à-dire du cinéma fantôme.
Synopsis : Cole, un agriculteur sans histoire, tombe éperdument amoureux de la mystérieuse Sadie, mais découvre avec stupeur qu’elle est agent secret. Avant même un second rencard, Cole et Sadie vont être embarqués dans une aventure au-delà des frontières lors de laquelle ils vont devoir sauver le monde.
Critique : Flop? Navet? Ghosted est un peu tout cela et bien pire encore sous ses aspects lisses. Descendu en flèche par la critique et les téléspectateurs depuis son lancement sur Apple TV+, le successeur de Rocketman dans la filmographie de Dexter Fletcher est probablement la quintessence d’un cinéma de l’illusion. L’avènement des directs-to-SVOD a été l’opportunité de gros chèques pour les acteurs prêts à tout pour ne pas se remettre en question et accepter le tout-venant d’une production moribonde. La sérialisation du blockbuster et l’enlisement de Disney dans les productions super-héroïques ont convaincu beaucoup d’acteurs de se désengager du cinéma pour ne plus être que l’ombre d’eux-mêmes dans leurs choix artistiques, consistant à ne jamais froisser pour redéfinir la notion de revenu universel. Vendre le même film à tous au détriment de la singularité de chacun, à commencer des comédiens qui devraient exister à travers des filmographies distinctes.
Ghosted, un film à “Ghoster” et fissa
L’anti-acteur Chris Evans, gravure de mode qui se tarit de sa fraîcheur d’antan, est accablant dans Ghosted tant sa participation à ce remake éloigné de Target (This Means War), avec Reese Witherspoon, Chris Pine et Tom Hardy, le ringardise un peu plus. Inexistant, pontifiant, son jeu n’inspire pas la tendresse et dans Ghosted, sa fadeur inspire l’horreur.
Ana de Armas, si intéressante dans le biopic sur Marilyn Monroe, Blonde (Netflix), devrait également s’éloigner des DTV. Outre Netflix pour Blonde, elle s’est compromise dans Eaux Profondes d’Adrian Lyne, pseudo thriller érotique dans lequel Ben Affleck était aussi transparent que Chris Evans dans Ghosted.
Nouvel avatar du “ghostbluster”, ou cinéma fantôme
Projet de remplissage de catalogue sur le mode Chat GPT, Ghosted est l’avilissement du cinéma par le concept. Nous le qualifierons ici, à CinéDweller, de “Ghostbluster”, c’est-à-dire de “cinéma fantôme”. On évitera soigneusement de mentionner le terme de “formules” , tant celles-ci sont elles-mêmes annihilées à la source. Aucune alchimie n’anime le tandem de romcom censé représenter une tension sexuelle à l’écran (un romantique du terroir qui tombe amoureux sans le savoir d’une espionne qui a la gâchette facile et qui doit sauver le monde). Aucun gag n’étoffe l’écriture. Aucun enjeu scénaristique ne dynamise le tempo.
Ghosted offre le néant qui n’implique qu’une seule réponse. Le “ghostage” de ce genre d’appel du pied de la part des géants du streaming. Netflix l’a parfaitement compris et, en 2023, a largement diminué sa production de films originaux, puisqu’ils n’accouchaient que d’indifférence, voire de mépris, quand la société escomptait lancer de nouvelles franchises.
Bref, à ghoster, et vite fait.
Sorties de la semaine du 19 avril 2023
© 2023 Skydance Productions, LLC. Tous droits réservés / All rights reserved
