Film de fond de tiroir de Paramount vendu à Netflix, Eli de Ciarian Foy ne vaut que pour son twist final. Le reste n’est qu’insipidité.
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Synopsis : Un jeune garçon atteint d’une étrange maladie se retrouve dans une clinique isolée où d’affreux cauchemars viennent le hanter.
Critique : Eli rejoint donc la longue liste des films Paramount qui ont trouvé leur chemin en SVOD, sur la plateforme Netflix. Après Annihilation ou le Cloverfield Paradox, cette production de major a trouvé à vrai dire sa vraie place sur les petits écrans divers, pour se confronter à la réalité de ce qu’elle est, pure insipidité.
Le film d’Eli
Ciaran Foy n’est pas à la base le plus incompétent des réalisateurs de cinéma de genre. Sa relecture de Chromosome 3 en version urbaine et sociale (l’excellent Citadel) ou le morbide Sinister 2, démontraient une certaine personnalité et, dans tous les cas, un vrai attachement à l’épouvante qu’il porte dans son ADN d’auteur irlandais.
© Blinder Films, Screen Ireland, Sigma Films
Eli porte un sujet moins personnel et l’on comprend très vite de l’inanité du projet. La présence d’un enfant en tête de casting semble être le seul point commun avec l’oeuvre de Foy, effectivement toujours traversé par des ombres d’enfants un peu diaboliques.
C’est donc un protagoniste éponyme, au prénom fortement religieux, pré-ado, qui doit porter sur ses épaules le poids d’un film de terreur que les adultes aimeraient bien choyer. La présence d’une enfant, par-delà la vitre, seule fenêtre sur l’extérieur, quasi fantomatique, des apparitions spectrales avérées, au sein d’un établissement médical supposé pouvoir le guérir le jeune Eli de la maladie qui le rend totalement allergique à la lumière, tout cela transforme la série B en une énième ghost story comme on en a tant vues, avec l’aspect médical qui évoque bien des romances dramatiques (Midnight sun) et autres produits de S.F. (le bancal dans La Brume de Daniel Roby propose aussi un enfant dans une bulle, non?).
Faux film de fantôme, mais vrai gâchis
Dans un univers désolé qui n’évoque jamais l’angoisse ou l’admiration pour ses décors, le film cinéma est surtout devenu produit vidéo et l’on ne peut que comparer le cadre médical aux orphelinats désaffectés qui ont submergé ce type de films depuis deux décennies (L’orphelinat, L’Echine du diable, La Dame en noir…). Les apparitions surnaturelles n’ajoutent aucune plus-value à la démarche. Pourtant la réalisation est attrayante et les effets incessants, comme pour dynamiser un projet qui a fait fausse route artistique dès le départ.
Lili Taylor, mais pourquoi?
Les acteurs ne valent pas mieux. Tenus à distance par l’intrigue gamine, ils ne font pas montre de l’étendue de leur talent : Kelly Reilly n’est pas aussi bluffante que dans Eden Lake et Lili Taylor, ancienne prêtresse du cinéma indépendant, qui a goûté au surnaturel avec The Conjuring, obtient l’un des pires rôles de sa carrière, de ceux que l’on propose habituellement à des inconnues. Pourtant, sa place dans l’intrigue n’est pas sans importance, mais le scénario refuse de l’exploiter.
Toute cette mécanique du fade semble vouloir être mise en place pour préparer le final, avec un rebondissement qui fait prendre à Eli un caractère moins convenu, même si traité des centaines de fois dans d’autres types de productions d’épouvante qu’on ne pensait seulement pas retrouver ici. Quelques effets gores fugaces, mais sympathiques, parviennent à donner un peu de punch aux dernières séquences plus palpitantes. Finalement, on n’aura pas tenu jusqu’au bout pour rien.
Critique : Frédéric Mignard
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