Au-dessous du volcan : la critique du film (1984)

Drame | 1h52min
Note de la rédaction :
7/10
7
Au-dessous du volcan, affiche originale

  • Réalisateur : John Huston
  • Acteurs : Albert Finney, Jacqueline Bisset, Anthony Andrews, Ignacio López Tarso, Sergio Calderón
  • Date de sortie: 12 Sep 1984
  • Nationalité : Américain, Mexicain
  • Titre original : Under the Volcano
  • Année de production : 1984
  • Scénariste(s) : Guy Gallo
  • Directeur de la photographie : Gabriel Figueroa
  • Compositeur : Alex North
  • Société(s) de production : Conacite Uno, Ithaca Pictures
  • Distributeur : Twentieth Century Fox France / Fox-Hachette
  • Distributeur (reprise) : Carlotta
  • Date de reprise : 7 octobre 2020
  • Éditeur(s) vidéo : Carlotta
  • Date de sortie vidéo : Carlotta
  • Box-office France / Paris-périphérie : 293 735 entrées / 146 240 entrées
  • Box-office nord-américain 2 428 653$
  • Budget : -
  • Classification : Tous Publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs - DCP / Son : Dolby STéréo
  • Festivals et récompenses : Sélection officielle Cannes 1984 - 2 nominations aux Oscars (Meilleur acteur et Meilleure Musique) - 2 nominations aux Golden Globes (Meilleur acteur & Meilleure actrice dans un drame)
  • Illustrateur / Création graphique : Illustrateur : Bernard Bernhardt (affiche originale 1984) - Dark Star L'Etoile Graphique (2020)
  • Crédits : 1984 Ithaca Films Inc. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Au-dessous du volcan marque la dernière phase dans la carrière d’Huston, certes alors âgé de 78 ans, mais toujours aussi lucide dans sa formidable entreprise d’adaptation des monuments littéraires.

Synopsis : À la veille du 1er novembre 1938, la nuit s’est abattue sur Cuernavaca et l’animation est déjà vive dans les rues où l’on prépare le Jour des morts. Geoffrey Firmin, ex-consul britannique, erre parmi la foule, ivre mort, pour oublier le départ de sa femme Yvonne.
Imbibé de mezcal et rongé par le passé, il est devenu une figure tragique notoire. Mais, au petit matin, Yvonne réapparaît sans crier gare, prête à commencer une nouvelle vie auprès de son mari…

Au-dessous du volcan : jacqueline BIsset et Albert Finney

©1984 Ithaca Films Inc. Tous droits réservés.

Ultime promenade avant la mort

Critique : « Quelle minable façon de mourir ! », lâche, exsangue, le personnage de diplomate alcoolique interprété par Albert Finney, en conclusion à son histoire. Un spoiler ? Non. Comme le savent tous ceux qui ont lu le roman du britannique Malcom Lowry, Au-dessous du volcan met en scène la chute inéluctable d’un destin imbibé d’alcool, un homme sans confiance, jadis trahi par sa belle le temps d’une nuit, dans les bras de son beau-frère. Le Consul se réfugie, comme pour oublier son existence pathétique, dans la tequila et le whisky. Il ne lui reste plus que 24 heures à vivre, puisque le scénario se concentre sur la fin de son histoire.

John Huston, alors âgé de 78 ans lorsque sort en 1984 cette adaptation tardive, décrit une fois de plus la déchéance d’un homme brisé, cette fois-ci à travers un voyage crépusculaire dans les profondeurs d’un Mexique festif qui célèbre les morts. Une célébration curieuse pour l’alcoolique américain, qui préfigure son agonie imminente, alors que son ancienne femme, interprétée par la superbe Jacqueline Bisset, revient pour l’extirper du caniveau et le ramener vers un Canada de l’utopie, cette nation qu’aimait tant Lowry. Bisset y est formidable et compte là l’une de ses meilleures prestations.

Avec un sens toujours aussi rigoureux du cadrage et de la photographie, Huston, dont le cinéma est un véritable anachronisme dans le paysage yankee des années 80, va jusqu’au bout de ses exigences narratives et psychologiques, rabattant le clapet de tous ceux qui, pendant 40 ans, avaient prétendu que les pages de cet instantané de classique étaient inadaptables. L’ouvrage était dense et nébuleux ; Bunuel, Dassin, Ken Russel et Losey s’étaient mordu les dents à vouloir le mettre sur pellicule. C’était sans compter le talent d’un cinéaste entier, féru de littérature, qui, malgré son grand âge, demeurait toujours aussi lucide, à l’instar du personnage tragique de son film, voué à une destruction cruelle.

Boudé par le jury cannois en 1984, probablement en raison d’un aspect mélo-romanesque, Au-dessus du volcan est une étape qui annonce une dernière valse avec la mort pour le réalisateur des Misfits, qui, à l’instar du personnage de son film, a longtemps joué avec les fonds de bouteille. John Huston disparaîtra en 1987 en laissant derrière lui un ultime film, le feutré Les gens de Dublin d’après Joyce (1988). Cette fin de carrière nous impressionne.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 12 septembre 1984

Au-dessous du volcan, l'affiche de la reprise 2020

©1984 Ithaca Films Inc. Tous droits réservés.

Box-office :

Pour son premier jour, Au-dessous du volcan doit affronter un mastodonte à la force de frappe d’un blockbuster contemporain : Indiana Jones et le temple maudit. CIC propose le 2e segment des Aventuriers de l’arche perdue dans 54 salles pour un démarrage record à 63 484 spectateurs. John Huston se contente de 11 écrans, mais parvient à marquer les esprits, avec 4 874 nostalgiques d’un cinéma d’une autre ère quand Henry Thomas de E.T. et Gene Hackman subissent un choc frontal avec le démarrage chaotique de Besoin d’amour (1 980 entrées dans 24 cinémas).

Box-office de la semaine du 12 septembre 1984

Indiana Jones 2 réalise le meilleur démarrage pour un film américain en France en 1e semaine. Sur Paris-périphérie, le film d’aventures émoustille 434 849 gamins de Spielberg ouvrant la brèche pour la domination du cinéma américain pour le reste de la décennie (Rambo II, Rocky IV…). Au-dessous du volcan entre en 4e place avec grande fierté, avec 43 931 spectateurs. Son circuit sélect de 11 cinémas lui permet de briller dans ses moyennes. Besoin d’amour de Jerry Schatzberg, remake du Comencini L’incompris, bredouille auprès de 20 112 spectateurs un message inaudible.

Les autres films du jour : Initiation pour une pucelle est un porno réalisé par l’acteur Olivier Mathot. Ce dernier, qui navigue dans le Z, notamment pour Eurociné, sortait un X tourné pour le circuit Cinévog, dans 4 salles. Avec 7 361 spectateurs, cette production fait mieux que Sensual Progression, une film à caractère pornographique au format vidéo, qui trouve grâce auprès de 2 443 spectateurs mâles.

Le kung-fu de la semaine est hong-kongais et datait de 1977. Il revient à C.P. Films qui propose Ceinture rouge contre dragon blanc de Chen Heung-man, dans 2 cinémas, pour 5 796 amateurs de combats doublés de façon nanardesques. Ce type de programmation ne restait qu’une semaine à l’affiche des cinémas parisiens. Et ce fut son cas. Il faudra attendre une sortie en VHS chez Fil à Films en 1987 pour le découvrir à une toute autre échelle.

On notera la sortie de L’ordre et la violence de Franco Agrama, coproduction italienne et turque, avec Erika Blanc et Richard Harrison. Metropolitan FilmExport ne semble pas avoir communiqué sur ses chiffres. Le film était déjà exploité en VHS chez VIP Vidéo Club depuis 1981.

John Huston : carrière et filmographieAu-dessous du volcan au Kinopanorama

Retour à Au-dessous du volcan, avec un aperçu précis de son circuit d’exploitation : 9 salles en intra-muros, 2 en périphérie. Sur Paris, on le retrouve au Kinopanorama pour une sortie prestigieuse qui lui vaut d’un coup 9 342 spectateurs. Albert Finney et Jacqueline Bisset font également des ravages au Marignan Pathé (7 628), puis réalisent de bons chiffres au Forum Cinémas, au Montparnasse Pathé, Français Pathé, Hautefeuille Pathé, 14 Juillet Bastille, Nation, et au Parnassiens. 43 931 entrées pour ce vieux loup de John Huston, en septembre, dans aussi peu de salles, c’est une belle victoire.

La deuxième semaine est moins brillante et participera à la déception commerciale autour du film (25 574). L’adaptation subit l’assaut de 5 grosses nouveautés dont la Palme d’or Paris Texas, Les Ripoux et Le meilleur avec Redford. En 3e semaine, le volcan vrombit auprès de 17 708 spectateurs austères dans 10 cinémas. Pour sa 4e semaine, le film d’auteur prestigieux s’approche des 100 000 tickets vendus. Huston a perdu le support du Kinopanorama et réalise 10 370 entrées dans 6 salles. Le géant de la Rive droite a bien fait de le lâcher. Avec Greystoke, la salle célèbre pour son écran panoramique réalise 12 053 entrées…

Aimé par les cinéphiles, Au-dessous du volcan reste jusqu’à la fin de l’année à l’affiche. Le Quintette Pathé en tire encore 1 700 tickets en 16e semaine, lors d’une semaine de fêtes de fin d’année. Au total, le film Fox Hachette tiendra 24 semaines et réalise 146 240 spectateurs. Un bon score d’art et essai, mais un peu en-deçà de son potentiel cannois.  La Palme d’or Paris, Texas, en 23e semaine, triomphait toujours sur 4 écrans, et nourrissait un total loin d’être définitif de 632 558 spectateurs.

Au-dessous du volcan, affiche originale

Illustrateur : Bernard Bernhardt ©1984 Ithaca Films Inc. Tous droits réservés.

Frédéric Mignard

Le test DVD

Au-dessous du volcan bénéficiait en 2012 d’une formidable édition collector aux bonus passionnants, techniquement irréprochable. A noter la sortie à venir chez Carlotta d’une nouvelle édition HD, bénéficiant de la restauration salle 2020.

En-dessous du volcan, affiche cannoise

©1984 Ithaca Films Inc. Tous droits réservés.

Compléments : 4 / 5

Même si Au-dessous du volcan n’a pas la même renommée que les grands classiques de Huston, l’éditeur Carlotta a vu les choses en grand pour cette sortie remarquable. Des bonus répartis sur deux disques nous permettent d’approfondir cette œuvre riche.

Une préface de Patrick Brion de 7 minutes et un module de 21 minutes, L’ivresse lucide, resituent le film avec justesse. La dite préface recense les différentes tentatives d’adaptation du roman de Lowry, avant que Huston ne s’en mêle. Elles furent nombreuses ! Le documentaire est à privilégier pour son analyse littéraire du film, riches en informations, tandis que les allusions comparatives au roman sont constantes.

Une conversation de 18 minutes avec Huston et un critique suédois, issues à l’occasion de la présentation du film à Cannes en 1984, permettent, entre autres, d’avoir le point de vue du cinéaste, qui revient sur ses sentiments à l’égard du roman, les difficultés de l’adaptation cinématographique d’œuvres littéraires, et la suppression de l’un des personnages clé du roman éponyme. Immanquable.
Le gros morceau de cette édition se situe sur le deuxième disque ; il s’agit d’un making-of de près d’une heure où l’on voit le cinéaste agir sur le tournage et s’entretenir sur cette adaptation qui lui tenait visiblement à cœur. Un must.

A noter la présentation d’une bande annonce américaine très eighties sur le premier disque.

Image : 4 /5

L’image remasterisée ne présente plus de défauts majeurs. La colorimétrie accentuée, le contraste étendu, on peut saluer le travail sur un film que l’on n’avait peut-être jamais aussi bien vu que sur cette copie.

Son : 4 / 5

Les VO et VF sont proposées en stéréo, mais la version originale est à favoriser pour un meilleur équilibrage entre les voix et l’ambiance sonore. Les voix françaises, trop mises en avant, noient un peu la piste doublée. Mais dans les deux cas, l’on soulignera la qualité du son, nettoyé de tous les effets du temps.

Frédéric Mignard

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Au-dessous du volcan, affiche originale

Bande-annonce de Au-dessous du volcan

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