Vittorio De Sica fut à la fois un cinéaste majeur du néoréalisme italien (Le Voleur de bicyclette) et une star européenne des années 40 et 50 (Madame de…).
La quintessence du néoréalisme
Vittorio De Sica est l’une des rares stars de son époque à avoir également embrasé une carrière de réalisateur, et pas des moindres.
Vedette du cinéma italien des années 30, il brilla dans des comédies dites de « téléphone blanc » cherchant à rivaliser avec les productions hollywoodiennes, les meilleures étant réalisées par Mario Camerini, comme Je te donnerai un million (1936) et Monsieur Max (1937), deux films où il avait pour partenaires la belle Assia Norris.
Dans les années 40, il se lança dans la réalisation en perpétuant ce genre : ce fut surtout le charmant Madeleine, zéro de conduite (1940), où il était également en tête d’affiche.
Après d’autres films de plus en plus en plus personnels, il connut un triomphe public et critique avec Sciuscià (1946), sur les maisons de correction, l’un des premiers chefs-d’œuvre du néoréalisme.
Le Voleur de bicyclette (1948) connut une audience encore plus vaste et se présentait comme un témoignage bouleversant sur la misère de l’Italie d’après-guerre, tourné en décors naturels, avec acteurs non professionnels.
Même si des tenants de la doxa lui reprochent un sentimentalisme qui l’éloignerait de la pureté du cinéma d’un Rossellini, les films réalisés à cette période par De Sica restent des modèles de mise en scène et d’épure. Leur écriture est également soignée, comme l’attestent les excellents scénarios de ses fidèles collaborateurs, Cesare Zavattini ou Suso Cecchi D’Amico.
À cette veine néoréaliste appartiennent aussi Miracle à Milan (Palme d’or au Festival de Cannes en 1951), Umberto D (1952) et L’Or de Naples (1954), film à sketchs où son approche s’accommodait du star-system (Sophia Loren, Silvana Mangano…).
Vittorio De Sica : une renommée internationale
Par la suite, s’il contribua à filmer les mutations et l’embourgeoisement de l’Italie des années 50 et 60 (Mariage à l’italienne, 1964), son art se fit plus classique. Ce fut le cas de La Ciociara (1960), qui valut l’Oscar de la meilleur actrice à Sophia Loren, ou Hier, aujourd’hui et demain (1963). Dans cette comédie truculente, il dirigeait son couple vedette de prédilection : Sophia Loren et Marcello Mastroianni.
Son dernier film important fut le nostalgique Jardin des Finzi-Contini (1971), qui lui valut, pour la quatrième fois, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
En tant qu’acteur dans des films d’autres cinéastes, Vittorio De Sica connut le succès dans plusieurs productions, dont le diptyque Pain, amour et fantaisie (1953) et Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini, où il donnait la réplique à la pétulante Gina Lollobrigida.
Les cinéphiles se souviendront aussi du baron Donati, amoureux de Danielle Darrieux et rival de Charles Boyer, dans l’exquis Madame de… (1953) de Max Ophuls, et du bouleversant officier dans Le Général Della Rovere (1959) de Roberto Rossellini.