Chanteur, musicien, acteur, scénariste et réalisateur français, Serge Gainsbourg (de son vrai nom Lucien Ginsburg) est né en 1928 à Paris dans une famille de migrants juifs. Dès l’enfance, son père l’initie au piano et à la peinture. L’art pictural restera d’ailleurs son but ultime.
Une carrière dans la chanson qui a du mal à décoller
Il s’est inscrit aux Beaux-Arts, mais pour survivre, il débute une activité d’interprète de piano-bar dès le milieu des années 50. Pour lui, la révélation intervient lorsqu’il voit Boris Vian sur la scène des cabarets.
Serge Gainsbourg commence à écrire et composer ses propres chansons et débute sur scène en 1957 avec le titre Le poinçonneur des lilas. C’est ce titre, finalement enregistré en 1958, qui le révèle au grand public. Pour autant, ses premiers albums se soldent par de cruels échecs commerciaux. A la même époque, il débute en tant qu’acteur au cinéma dans Voulez-vous danser avec moi ? (Boisrond, 1959) et il compose peu de temps après toutes les chansons du film L’eau à la bouche (Doniol-Valcroze, 1960). Alors que sa carrière musicale ne décolle pas encore, Serge Gainsbourg apparaît dans plusieurs péplums tournés avec les producteurs italiens, où il tient généralement le rôle de méchant et de traitre. On le voit ainsi dans La révolte des esclaves (Malasomma, 1960), puis dans Samson contre Hercule (Parolini, 1961) et Hercule se déchaîne (Parolini, 1962) qui ont été tournés conjointement en Yougoslavie.
Le chanteur connaît enfin un vrai succès avec La javanaise en 1962 et il peut désormais enchaîner les tubes. Au cinéma, il continue à officier en tant que compositeur et joue également dans Le jardinier d’Argenteuil (Le Chanois, 1966) face à Jean Gabin, puis dans Estouffade à la Caraïbe (Besnard, 1967). Parmi ses réussites en termes de bande originale, on peut citer celle de L’horizon (Rouffio, 1967).
Serge Gainsbourg s’implique davantage au cinéma
Désormais une grande vedette de la chanson, Serge Gainsbourg tourne dans plusieurs films en tant qu’acteur sans que rien ne ressorte vraiment. On le voit dans Vivre la nuit (Camus, 1968), Erotissimo (Pirès, 1969), Slogan (Grimblat, 1969) ou encore Les chemins de Katmandou (Cayatte, 1969). A cette époque, il apparaît souvent en duo avec sa compagne du moment, la Britannique Jane Birkin qui devient sa muse. Ensemble, ils jouent aussi dans Cannabis (Koralnik, 1970), Ballade à Sarajevo (Kosovac, 1971) et Les diablesses (Margheriti, 1973).
Tout en proposant au public des albums concept de plus en plus travaillés et complexes, Serge Gainsbourg choisit de passer à la vitesse supérieure au cinéma en devenant son propre réalisateur. Avec Je t’aime moi non plus (1976) qu’il écrit également, il livre une œuvre étrange, mais au charme évident, porté par le duo Jane Birkin – Joe Dallesandro. Le métrage séduit 558 318 spectateurs et reçoit deux nominations aux César 1977.
A la même époque, il signe plusieurs bandes originales de films érotiques comme Madame Claude (Jaeckin, 1977) et Goodbye Emmanuelle (Leterrier, 1977). Lui qui incarne parfaitement la libération sexuelle de mai 68, il n’est pas étonnant de le retrouver au générique de telles œuvres bien de leur époque. Plus ambitieux, il signe aussi la BO de Je vous aime (Berri, 1980).
Les scandaleuses années 80
Après avoir fait un détour par la reggae, Serge Gainsbourg va revenir à un son plus rock dans les années 80 et ses multiples provocations vont lui attirer un nouveau public plus jeune. Il tourne alors le film Equateur (1983) en tant que réalisateur. Le film séduit encore 508 437 spectateurs. Gainsbourg, qui aime désormais se faire appeler Gainsbarre, connaît un véritable triomphe à la radio grâce à son album Love on the Beat datant de 1984. Cette renaissance dans le domaine de la chanson se double d’apparitions publiques de plus en plus scandaleuses, lui qui est sans cesse alcoolisé.
Faisant partie de ses provocations, il réalise un troisième long-métrage avec sa propre fille intitulé Charlotte for Ever (1986). Cette fois, l’échec commercial est au tournant. Il en sera de même pour son dernier effort en tant que réalisateur, le fameux Stan the Flasher (1990) qui met en scène un Claude Berri en bout de course. Après avoir mis en boite un dernier album à succès en 1987 (You’re Under Arrest), Serge Gainsbourg disparaît à la suite d’une énième crise cardiaque en mars 1991 alors qu’il n’a que 62 ans.
L’artiste laisse un héritage considérable dans le domaine de la chanson populaire française, ce qui compense largement la faiblesse de sa carrière cinématographique. Il n’en demeure pas moins un monument de la culture pop des années 60 aux années 80.
