Issus du documentaire dès la fin des années 70, Luc et Jean-Pierre Dardenne sont des réalisateurs au style naturaliste qui doit beaucoup à leur attrait pour le cinéma du réel. Doublement palmés, ils font partie de l’histoire cannoise, à la fois en tant que réalisateurs, mais aussi en qualité de producteurs.
Luc et Jean-Pierre Dardenne réalisent un premier long de fiction en 1987 dans lequel ils dirigent Bruno Cremer. Falsch reste méconnu en France en raison de son absence d’exploitation dans nos salles. Avec Je pense à vous, en 1992, ils dirigent ensuite Robin Renucci et Fabienne Babe, mais là encore, la France ne suit pas.
Les frères Dardenne, des producteurs immenses et essentiels
Parallèlement, ils produisent d’innombrables longs comme Daens de Stijn Coninx, qui est nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger. Ils produiront une fois célèbres d’autres films importants comme Le lait de la tendresse humaine de Dominique Cabrera, Le mystère de la chambre jaune de Bruno Podalydès, Stormy Weather de la regrettée Soveig Anspach, Le monde vivant et Le fils de Joseph d’Eugène Green, Le couperet de Costa-Gavras, Looking For Eric, Route Irish, La part des anges, Moi, Daniel Blake, Sorry We Missed Uou… de Ken Loach, La prima linea de Renato de Maria, le film d’animation Une vie de chat, L’exercice de l’état de Pierre Schoeller, Au-delà des collines et Baccalauréat de Cristian Mingu, De rouille et d’os et Les Frères Sister de Jacques Audiard, Je fais le mort de Jean-Paul Salomé, Vie sauvage de Cédric Kahn, La rançon de la gloire de Xavier Beauvois, Journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot, La danseuse de Stéphanie Di Giusto, Planétarium de Rebecca Zlotowski, Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev… Tous ces films qui ont marqué le cinéma d’auteur, avec même des prix conséquents à Cannes, notamment une Palme pour Ken Loach, démontrent un degré d’exigence et une présence essentielle au cœur de la production européenne.
Luc et Jean-Pierre Dardenne, et Cannes
Les frères Dardenne trouve à Cannes depuis 1996 un éclairage médiatique formidable. Sélectionnés à la Quinzaine avec La promesse en 1996, ils montent en grade en 1999 grâce à l’explosif Rosetta. Le drame naturaliste remporte la Palme des mains de David Cronenberg. Le film belge révèle au passage la fougue d’Emilie Dequenne et installe un peu plus Olivier Gourmet dans le paysage cinématographique francophone. Avec 705 000 entrées au box-office, cela sera aussi leur second plus gros succès (Le gamin au vélo impressionnera en 2011 754 000 spectateurs).
Le fils connaîtra un succès moindre en 2002 (263 000) mais repart avec un prix d’interprétation masculine lors du palmarès. En 2005, le très dur L’enfant, avec Jérémie Rénier et Déborah François suscite le malaise et la révolte, et remporte une Palme, leur deuxième.
Suivront Le silence de Lorna (Prix du scénario), Le gamin au vélo (Grand Prix), avec la star Cécile de France, et des films moins célèbres. Le dépressif Deux jours, une nuit avec Marion Cotillard, même s’il dépasse les 500 000 entrées, et La fille inconnue avec Adèle Haenel, repartent bredouilles.
Pour Le jeune Ahmed (2019), les deux auteurs atteignent un niveau d’intérêt très bas du côté du public, avec 152 000 entrées. Le drame sur fond d’islamisme, avait pourtant séduit le jury qui lui avait remis le Prix de la Mise en scène.
En 2022, Luc et Jean-Pierre Dardenne signent Tori et Lokita, leur 9e long à trouver le chemin de la Compétition officielle.
Portrait des frères Dardenne, par © Photo : Christine Plenus