Née Geneviève Bonjean, Geneviève Page est formée au Conservatoire et entre à la Comédie-Française, puis au TNP. Elle participe aux mythiques représentations du Festival d’Avignon dans les années 50 et sera l’une des reines du théâtre français pendant quatre décennies, collaborant avec Gérard Philipe, Jean-Louis Barrault ou Bernard Murat.
Elle débute au cinéma en 1949, et apparaît d’abord dans des rôles secondaires, comme Mme de Pompadour dans Fanfan la Tulipe (1951) de Christian-Jaque. Le succès de Michel Strogoff (1956) de Carmine Gallone, où elle donne la réplique à Curd Jürgens, attire l’attention de Hollywood, qui aimerait faire une vedette de cette blonde élégante, au jeu distingué et à la voix envoûtante.
Elle devient ainsi la partenaire de Robert Mitchum dans L’Énigmatique Monsieur D (1956) de Sheldon Reynolds, mais le film est un échec. Elle n’en continue pas moins à incarner des seconds rôles dans des productions américaines, dont Le Cid (1961) d’Anthony Mann, où on peut la préférer à Sophia Loren.
Le cinéma français lui offre également des seconds rôles intéressants. Elle incarne la belle-sœur distante de Simone Signoret dans Le Jour et l’heure (1962) de René Clément, l’épouse qui largue Maurice Ronet dans Trois chambres à Manhattan (1965) de Marcel Carné, et surtout Mme Anaïs, la tenancière du bordel de Belle de jour (1966) de Luis Buñuel.
C’est sans doute son meilleur rôle au cinéma, avec celui de la mystérieuse espionne de La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder.
Par la suite, Geneviève Page se consacre davantage à la télévision et surtout au théâtre, sa passion prioritaire. On la retrouve avec plaisir en veuve nymphomane dans Buffet froid (1979) de Bertrand Blier, en directrice d’agence de détective dans Mortelle randonnée (1983) de Claude Miller, et en mère abusive dans Beyond Therapy (1987) de Robert Altman.
Geneviève Page qui a tourné jusqu’en 2003 a aussi été dirigée par Pierre Kast, Riccardo Freda, Delmer Daves, John Frankenheimer, Terence Young, Jacques Deray et Jean-Marc Barr.